Nous vous présentons la Pr Renata Kozyraki de l’Université Paris Cité. Elle a obtenu le prix de l’Académie de Médecine 2022 pour ses travaux de recherche réalisés au sein du laboratoire « Physiopathologie Orale Moléculaire « dirigé par la Pr Ariane Berdal UMRS 1138 INSERM
« Après mes études en Odontologie à l’Université de Thessalonique, en Grèce, je suis venue en France avec l’objectif d’acquérir une spécialité en Odontologie. Pendant ce parcours, j’ai découvert la recherche avec le Pr Brion, Professeur de Parodontologie qui m’a encadrée.
Après un doctorat et un post doctorat, j’ai été recrutée à l‘INSERM comme chercheur.
J’ai travaillé sur l’ endocytose multiligand, un processus impliquant l’internalisation de substances nécessaires au développement et l’homéostasie de l’organisme avec une équipe que j’ai dirigée pendant quinze ans.
Puis je suis revenue vers ma profession d’Odontologiste dans l’équipe Physiopathologie Orale Moléculaire dirigée par la Pr. Ariane Berdal à l’UMRS 1138 au Centre de Recherche des Cordeliers.
J’ai eu la chance d’être entourée par une très bonne équipe ce qui m’a permis d’être recrutée comme professeur en Biologie Orale à la Faculté de Chirurgie Dentaire et de développer des projets en rapport avec ma formation initiale.
Mon sujet de recherche est le syndrome email-rein.
Ce thème de recherche a la particularité de combiner deux tissus que je connais très bien, la dent et le rein.
Ce travail de recherche fondamentale vise à identifier la fonction d’une protéine particulière, FAM20A qui est à l’origine du syndrome email-rein.
Nous sommes une petite équipe qui travaille actuellement sur cette pathologie :
Olivier CASES chercheur au CNRS, Rym CHALGOUMI ma doctorante qui a eu un prix de thèse très récemment par l’Institut de maladies Osteoarticulaires, Amina BAKER doctorante également sur une thématique parallèle, deux étudiants en M2 et notre exceptionnelle technicienne Vidjea CANNAYA.
Nous avons obtenu des résultats très intéressants et nous avançons dans l’explication des mécanismes physiopathologiques. Nous tentons de mettre en place des modèles cellulaires et des modèles animaux pour identifier le type cellulaire a l’origine de la pathologie. Aujourd’hui, le traitement chirurgical est la seule alternative de soins pour les malformations orales. Nous espérons que nos résultats nous conduiront à la mise en place d’un traitement curatif.
Pour ce qui concerne le rein, le processus est impossible à arrêter dans un certain nombre de cas, la suite pour ces patients sera l’insuffisance rénale chronique, la dialyse ou la greffe.
Redonner à ces patients une qualité de vie acceptable voire normale est une priorité.
Peut-être ce sera une thérapie génique et pour cela, il faudra identifier la molécule et en fonction de cette molécule, déterminer le moyen de l’administrer.
Victor SIMANCAS, a été mon étudiant en thèse avec qui j’ai commencé à travailler sur le syndrome email-rein. Avec son enthousiasme, sa volonté et ses connaissances en culture de tissus, il a mis les bases de ce travail. Il est maintenant retourné dans son pays d’origine, La Colombie. Dans les perspectives nous planifions son retour en France en post-doctorat, peut être pour la mise en place d’un traitement…
Nous avons plusieurs collaborations : Une de très longue date avec Pascal COSETTE à Rouen, avec qui nous avons fait les analyses protéomiques, une autre collaboration de très longue date aussi avec le service de néphrologie et l’unité de recherche en néphrologie de l’Hôpital Tenon, dirigée par Christos CHATZIANTONIOU, qui nous aide a mettre en place le modèle pour étudier la néphrocalcinose.
Un contrat avec la Colombie via le programme ECOS-Nord (Evaluation-orientation de la COopération Scientifique) qui est destiné à initier des échanges entre les chercheurs sur des thèmes d’excellence scientifique. Notre contrat intitulé « Périostine, FAM20A et FAM20C : des marqueurs communs des fibromatoses gingivales » dont je suis la responsable côté français et le Pr Antonio DIAZ de l’Université de Carthagène coté colombien. Ce programme nous a permis de financer les déplacements à Carthagène pour participer à la formation des étudiants. Des chercheurs colombiens sont venus en France, Victor Simancas a accompagné cette mission. Nous avons d’autres projets pour étudier non seulement les pathologies génétiques mais aussi des pathologies communes comme la fibromatose gingivale d’origine médicamenteuse.
Une collaboration extrêmement riche a été établie avec le Brésil, avec la Pr AC ACEVEDO avec qui nous travaillons sur le syndrome émail-rein et le syndrome de Raine, pathologie rare causée par des mutations de FAM20C , la petite ‘sœur’ de FAM20A. Nous espérons ainsi mieux comprendre les interactions entre les deux protéines”