Le Dr Sylvie Babajko, membre du WP2 “GÉNÉRER UNE RECHERCHE TRANSLATIONNELLE SUR LA GÉNOMIQUE ET LA PHYSIOPATHOLOGIE DES DENTS ”
Parcours professionnel et de formation: Sylvie Babajko a obtenu un doctorat en Pharmacologie–Endocrinologie de Sorbonne-Université (ex Université Pierre et Marie Curie). Jeune chargée de recherche à l’INSERM, elle a focalisé ses travaux sur le système IGF en cancérogenèse pendant une dizaine d’années. Par la suite, elle a travaillé sur la dégradation des ARN messagers dans un laboratoire de biologie fondamentale où elle a mis en évidence des foyers de dégradation des ARNm intracellulaires qui se sont avérés être des sites où agissent les ARN interférents.
Ce type de recherche fondamentale peut conduire non seulement à développer des connaissances en biologie cellulaire et moléculaire comme les ARN anti-sens mais aussi des applications comme la découverte de vaccins ARN-messagers. En 2004, Sylvie Babajko a intégré le laboratoire de Physiopathologie Orale Moléculaire (POM) dirigé par Ariane Berdal qui travaillait à l’époque sur l’ARN anti-sens des homéogènes MSX (MSX1 et MSX2) et le développement du complexe dento- alvéolaire. Actuellement, elle codirige le laboratoire POM avec Ariane Berdal. Sa recherche est centrée sur l’effet des facteurs environnementaux (notamment les perturbateurs endocriniens dont le bisphénol A (BPA) et le fluor) et les pathologies de l’émail.
Son thème de recherche principal vise à comprendre les mécanismes d’action et voies de signalisation de ces molécules en lien avec les pathologies dentaires. Ces molécules sont en fait capables d’impacter le fonctionnement de la plupart des organes et pas seulement ceux chargés de la production des hormones. Ses résultats ont montré qu’elles sont capables de perturber l’action des récepteurs œstrogènes ou androgènes dans les cellules en charge de la synthèse de l’émail, et d’affaiblir ainsi la qualité de l’émail et donc de contribuer au développement des pathologies de l’émail comme la MIH (hypo minéralisation de l’émail). Actuellement elle dirige des projets sur les polluants environnementaux en lien avec les pathologies dentaire d’une part, et les cancers oraux d’autre part : -les projets en lien avec les pathologies de l’émail. Sylvie travaille sur la combinaison de différents facteurs, non seulement le fluor et le BPA mais aussi un mélange de 14
molécules décrites pour leur activité de perturbateurs endocriniens capables de perturber différents axes endocriniens. -Son groupe travaille sur le fluor bien connu pour prévenir les caries. Cependant, l’absorption excessive de fluor peut conduire à des fluoroses selon un/des mécanismes/s non élucidés à ce jour. Par ailleurs, le fluor est répertorié depuis près de 10 ans comme un perturbateur endocrinien (TDEX List) car il est notamment capable d’altérer l’axe androgène et l’axe œstrogène, indépendamment des fluoroses ce qui suggère que ce n’est pas
nécessairement un excès de fluor qui perturbe ces axes endocriniens. – Les projets sur les cancers oraux sont basés sur la capacité de ces molécules d’interférer avec de nombreux processus cellulaires tels que la différenciation, la prolifération, l’apoptose et l’autophagie. Les substituts du BPA, BPS, BPB, BPAF, sont particulièrement étudiés car ils présentent une activité comparable au BPA mais sont de plus en plus présents dans l’environnement quotidien car moins réglementés.
Du fait de leur présence dans les emballages alimentaires, de leur utilisation dans la chaine alimentaire, de leur libération au travers des matériaux utilisés dans la dentisterie, ces molécules sont en contact permanent avec les tissus oraux sans que l’on connaisse leurs effets. On ne connait pas non plus les effets des combinaisons de ces molécules ni à court terme ou à plus long terme. La prévalence de certaines pathologies orales augmente sans cause identifiée. Les recherches menées ici visent à savoir si ces molécules peuvent contribuer à ces pathologies. Ces recherches en physiopathologie se trouvent à l’interface de la recherche fondamentale en lien avec la clinique. On peut envisager notre implication dans les cohortes de patients, notamment les cohortes mère-enfant parce que les expositions très précoces des enfants dans leurs premières années de vie sont déterminantes pour la santé dans leur vie d’adulte. Si on peut utiliser la dent comme un marqueur d’exposition, témoin de ces stades de la vie, on pourra progresser en caractérisant l’émail altéré de ces patients pour diagnostiquer précocement des pathologies associées à ces expositions. Nous pouvons aussi projeter un intérêt pour ces recherches des fabricants et fournisseurs de matériaux de dentisterie car une vigilance en amont sur les molécules permettrait de proposer des matériaux respectueux de la santé. Collaborations : L’Interaction avec des équipes externes est nécessaire avec un sujet de recherche aussi vaste que les facteurs environnementaux. Au sein du Centre de Recherche des Cordeliers, elle a établi des collaborations très étroites avec l’équipe dirigée par Francine Behar-Cohen travaillant sur les yeux, et l’équipe de Guido Kroemer travaillant sur l’autophagie en plus des collaborateurs américains très intéressés par ce sujet d’actualité que sont les polluants environnementaux et leur impact sur la santé. D’ailleurs, le 21 juillet à partir de 19h30 (heure de Paris), Sylvie fera une présentation dans la session présidentielle à l’IADR (21-24 juillet) sur les effets des PE sur invitation de Pamela Den Besten (UCSF, USA).